Passer du verre au vert, un parcours façonné par le territoire...

Portrait de Emilie Thomas,
herboriste installée à Saint-Antonin-Noble-Val

À 40 ans, Émilie Thomas a déjà vécu plusieurs vies professionnelles et personnelles. Originaire de l’Essonne, elle a grandi entourée de nature, bercée par la passion des plantes transmise par une religieuse voisine et approfondie à l’École des Plantes de Paris. Pourtant, son premier chemin ne l’a pas menée vers l’herboristerie, mais vers l’art : études d’histoire et d’histoire de l’art, suivies d’un CAP vitrail, puis de l’ouverture d’un atelier de maître-verrier à Paris. Très vite, son talent trouve un écho, les commandes affluent, les projets se multiplient. Mais au bout de six ans, malgré la réussite, une évidence s’impose : « je n’ai jamais envisagé de vivre au beau milieu d’un univers ultra-urbain, Paris avait sa magie, mais j’avais besoin d’ouvrir ma fenêtre sur le chant des oiseaux et de cueillir mon repas dans la nature : il fallait partir, maintenant ou jamais. »

Ses recherches la conduisent d’abord à Cordes-sur-Ciel, dans le Tarn. Elle y expérimente la vie d’un atelier-boutique en parallèle de son activité parisienne. Si l’expérience est enrichissante, elle révèle aussi les limites d’un village à l’époque trop centré sur la saison estivale. Mais ce détour est décisif : il lui fait découvrir Saint-Antonin-Noble-Val. Ici, la vie bat son plein toute l’année. Le tissu associatif, la vitalité économique et le lien direct avec la nature lui offrent ce qu’elle recherche. C’est grâce à l’association BaZart, dans laquelle elle va rapidement s’impliquer, qu’elle s’ancre véritablement dans le territoire. Elle y installe son atelier et construit un nouveau chapitre de vie.

💬 « J’avais besoin d’ouvrir ma fenêtre sur le chant des oiseaux et de cueillir mon repas dans la nature. »

💬 « Mon quotidien est très vivant ! »

Le confinement vient bouleverser à nouveau son parcours. Elle délaisse l’atelier pour le jardin, redécouvre l’appel des plantes et comprend qu’il est temps de leur redonner une place centrale dans sa vie professionnelle. Passant « du verre au vert », elle transmet progressivement son activité de verrier et enrichit sa formation initiale en Herboristerie.

Sur ce territoire, Émilie entretient un quotidien très vivant. Curieuse insatiable, elle s’épanouit dans la diversité des rencontres qu’offre le territoire : agriculteurs de génération en génération ou nouveaux installés en reconversion, artisans, artistes, commerçants, thérapeutes ou acteurs du bien-être… Grâce au tiers-lieu Maison P’Art Nature et à son engagement associatif, notamment au sein du centre de formation EWÉ où elle anime balades botaniques et cours d’herboristerie, Émilie participe à une dynamique collective vivante et créative qui s’inscrit pleinement dans la vie locale foisonnante.

À cette vitalité humaine s’ajoute un cadre naturel exceptionnel. Falaises vertigineuses des gorges de l’Aveyron, vallées verdoyantes comme celle de la Bonnette, flore variée du plateau de Loze ou majesté de la forêt de Grésigne, qu’Émilie affectionne tout particulièrement, offrent une palette infinie de paysages et d’ambiances. Ici, la nature se donne à voir sous toutes ses formes, sauvage ou apprivoisée par l’Homme, et invite à mille pratiques : randonnée, canoë, cerf-volant ou simples balades improvisées. Pour Émilie, c’est un luxe inestimable : quitter une réunion, fermer la porte de son atelier, et cinq minutes plus tard se retrouver au sommet d’un rocher, face à un horizon à couper le souffle.

Mais le territoire ne se résume pas à la nature. La culture y est tout aussi vivante. Concerts, expositions, festivals et programmations associatives rythment l’année. « Quand j’ai quitté Paris, mes amis craignaient que la culture me manque. Mais ici, j’ai tout ce qu’il faut, avec une accessibilité bien plus grande et des propositions d’une qualité remarquable », confie-t-elle. De l’Abbaye de Beaulieu à la diversité des associations locales, en passant par les sorties collectives organisées par O’babelbut vers les grandes villes voisines, l’offre culturelle dépasse largement les clichés d’un territoire rural isolé.

💬 «Culturellement,  j’ai ici tout ce qu’il faut, avec une accessibilité bien plus grande et des propositions d’une qualité remarquable »

💬 « Ceux qui réussissent sont ceux qui conjuguent réalisme et inventivité, parfois en combinant plusieurs activités, pour construire une installation pérenne »

À ceux qui hésitent encore à s’installer, Émilie livre un message clair : ici, la vie ne s’arrête pas hors saison. C’est un territoire vivant, riche de ses associations, de ses habitants, de ses commerces ouverts toute l’année. « Plus les gens viendront s’installer, plus cette dynamique de vie à l’année se renforcera », affirme-t-elle avec conviction. Bien sûr, il y a des défis tels que le logement, la mobilité, ou encore la nécessité de bien penser sa stratégie professionnelle. S’installer dans les Causses et Gorges de l’Aveyron ne peut pas se faire sur un simple coup de cœur estival. Pour réussir selon Émilie, il faut aller au-delà du fantasme : « J’ai vu beaucoup de gens ouvrir un cabinet ou lancer une activité en imaginant que l’affluence estivale durerait toute l’année. Ici, la clé, c’est d’anticiper : faire une véritable étude de marché, comprendre l’équilibre local, être créatif dans son offre et savoir s’adapter. Ceux qui réussissent sont ceux qui conjuguent réalisme et inventivité, parfois en combinant plusieurs activités, pour construire une installation pérenne. »

L’histoire d’Émilie illustre avec force comment un territoire peut influencer une trajectoire personnelle et professionnelle. Les Causses et Gorges de l’Aveyron ne sont pas seulement un cadre de vie exceptionnel : ils offrent l’espace d’un véritable épanouissement, où l’on peut réinventer son métier, renouer avec ses passions, et surtout, trouver un équilibre rare entre nature, culture et humanité.

Son coup de ❤️ local

Émilie a contribué, aux côtés de l’association EWÉ, à l’élaboration du livre Promenade gourmandes en Causses et Gorges de l’Aveyron (à retrouver dans les Offices du Tourisme de Saint-Antonin, Caylus et Laguépie), un ouvrage qui mêle recettes, cueillettes buissonnières et itinéraires de balade. On y retrouve plusieurs de ses lieux favoris, comme les sentiers de Lacapelle-Livron, d’où elle aime partir à pied, cueillir quelques plantes, longer la cascade pétrifiante de Caylus ou profiter des panoramas. Ce livre reflète son attachement profond à ce territoire, à la fois sauvage et généreux.

Parmi ses autres coups de cœur : la librairie Le Tracteur Savant à Saint-Antonin, véritable trésor local. Elle y puise de l’inspiration dans une sélection riche en ouvrages sur la nature, la cuisine, la jeunesse ou la bande dessinée. Mais c’est aussi un lieu vivant, où l’on peut rencontrer des auteurs dans une ambiance simple et conviviale. Comme ses balades préférées, c’est un endroit où l’on ralentit, où l’on savoure, et où chaque détail compte.

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